Engagée dans une réflexion sur l’évolution du trait de côte depuis une trentaine d’année, la basse vallée de la Saâne débute les travaux de reconnexion du fleuve à la mer à l’aube de 2025. Les 3 communes de Quiberville, de Sainte-Marguerite et de Longueil, positionnées au contact du lit alluvial, s’apprêtent à vivre des changements de milieux et de paysages. Passant de prairies humides à prés-salés, la faune et la flore vont évoluées au rythme de la teneur en sel des eaux. Comment donner à voir ses évolutions de paysages ? Par quels types de dispositifs spatiaux et sur quelles temporalités ? Le Schéma d’Intentions Paysagères se décline en plusieurs plans d’aménagements de la vallée entre 2025 et 2050 et s’accompagne d’une charte d’aménagement promouvant les ressources et savoirs-faire locaux. L’incertitude appelle à l’élaboration de projets sobres, construits avec ce qu’il y a sur le territoire : clôtures issues du bois de l’abatage, plessage de saules, plantations de boutures. L’esthétique des aménagements doit revêtir l’esprit des lieux, un territoire rural et côtier.

La recherche intitulée « l’imaginaire paysager des sentiers littoraux » est portée par l’École Nationale Supérieure de Paysage et financée par le Cerema. Il s’agit d’une analyse théorique et technique des sentiers littoraux ayant obtenus des financements via le programme France Vue Sur Mer. Nous travaillons avec Ken Novellas, docteur en paysage, pour allier la recherche scientifique et littéraire du sentier littoral avec l’analyse paysagère de 3 sites du programme FVSM.

Cette étude à conduit à analyser le tracé des sentiers, leur matérialité, leur capacité évocatrice ou immersive, tout en interrogeant les modalités de mise en œuvre et de gestion. Le dossier rassemble cartographies, textes philosophiques, études de peintures et comptes-rendus d’entretiens avec les maîtrises d’ouvrage et les usager‧e‧s. Il esquisse des préconisations pour le programme FVSM et plus largement pour l’aménagement des sentiers littoraux.

Au cœur du Massif du Cantal, entre Aurillac et la station du Lioran, la vallée de la Cère déploie une variété de paysages rythmés en différentes séquences par des particularités du relief.

Le plan paysage est né d’une volonté locale de faire ralentir : traversée par la RN122, la vallée vit au rythme des poids lourds et des déplacements pendulaires liés à Aurillac ou à la station de ski. Il s’agit de donner envie de s’arrêter, de revenir, de s’installer dans la vallée de la Cère. Cette stratégie de la lenteur questionne plus largement les rythmes de vie, la durabilité des actions en cours, les logiques de production.

Notre proposition méthodologique se base sur la rencontre : des balades collectives, des ateliers du grand paysage, des entretiens individuels, des projections, des fêtes de la lenteur et des journal du paysage. Car une fois le programme d’action identifié, l’enjeu du plan paysage est de perdurer : il faut questionner, animer, impulser une dynamique pour assurer la pérennité du projet.

Conventionnés par la ville de Marseille, nous rendons accessible au public, et particulièrement aux habitant‧e‧s de la Belle de Mai, ce jardin de 1,7ha situé dans l’ancien Couvent Levat. Composé d’espaces aux ambiances végétales variées, il offre un lieu de quiétude et de biodiversité d’une qualité rare en centre-urbain. Par son ouverture quotidienne au public, il nécessite des adaptations spatiales et techniques pour s’adapter à ses nouveaux usages.

Depuis juin 2022, nous planifions sa gestion technique et financière, nous l'aménageons et assurons son entretien, nous y animons des ateliers pédagogiques variés, le tout dans une vision de « jardin-ressource » : toutes les matières issues du site sont transformées et réutilisées dans le jardin ou ceux du quartier. Les espaces ainsi créés et les actions que nous proposons, en relation avec le réseau associatif de la Belle de Mai, placent le jardin Levat comme un support de la vie sociale et écologique de quartier.

Projet subventionné par la ville de Marseille et la Préfecture Bouches-du-Rhône

Ce projet s’inscrit dans une volonté de préparer les territoires littoraux au changement climatique par des solutions souples, flexibles permettant de composer des territoires plus résilients.

Nous avons d’abord enquêté pour recueillir les paroles des usager‧e‧s, partager et construire une culture commune des paysages de l’estuaire, comprendre le fonctionnement passé et actuel de ce territoire lié à l’eau pour envisager de nouvelles façons de vivre avec elle. Par la démarche paysagère, nous tentons de transformer les inquiétudes en opportunités d’actions enthousiasmantes. Pour se projeter dans ces nouveaux paysages, nous avons élaboré des scénarios prospectifs en partenariat étroit avec les études hydro-sédimentaires, agricoles et environnementales et avec les acteur‧ice‧s du territoire.

En parallèle de cette étude, l'Hydre est responsable de la communication et de la pédagogie dans l'étude multi-critères, en équipe avec Paloma Mouillon, Anne Martinet et Vertigo lab.

Après avoir participé à l'élaboration du plan-guide « Retrouver la Creuse » avec l’équipe d’Initial détaillant une démarche pour révéler les différents visages de la rivière, il nous a été demandé de le traduire de façon opérationnelle. Nous avons ainsi rédigé collectivement deux cahiers des charges afin d'engager les transformations spatiales sur le site de la Plage du Vallon et de la Boucle du Pin.

Ces deux cahiers des charges ont des formats différents. Ils fixent des valeurs communes et donnent le cadre technique et financier des travaux. Ils orientent les futures maîtrises d’œuvres vers une économie des ressources et la réalisation des travaux par des chantiers collectifs dans le but d’aboutir à des aménagements sobres, au service de la rivière et de ses habitant‧e‧s.

Pour accompagner le CAUE et la commune du Val dans la mise en place d’une végétalisation de l'espace public, nous avons proposé de déployer le projet selon les 3 grands types d'espaces publics du territoire : les hameaux, les lisières et le centre-bourg. Afin de décrypter les caractéristiques spatiales de ces 3 types d’espaces, leurs modalités de gestion actuelle, les besoins et contraintes des habitant‧e‧s, nous avons récolté leurs paroles lors de deux balades collectives, l’une pour le diagnostic et l’autre dédiée au projet. L'ensemble de ces données a permis de mettre en place un guide de végétalisation, détaillant les actions à initier par type d’espace et précisant le rôle de la municipalité et celui des habitant‧e‧s (décroutage de l'enrobé, travail du sol, palettes végétales, achats de plants) mais aussi leur gestion sur le long terme (arrosage, taille, suivi, banque de graines, fauches, etc.). 
 

L’enjeu principal de ce projet est d’améliorer le confort de vie des élèves vis-à-vis du changement climatique. Il s’agit aussi d’aménager un espace ludique pour le développement sensoriel des enfants, incitant à de nouveaux rapports avec le vivant. 

Nous proposons un projet économe, basé sur une stratégie de désimperméabilisation des trois quarts de la superficie de la cour (soit 1000 m2) avec la plantation de 2000 jeunes plants forestiers composant des masses végétales denses nécessitant peu d’entretien. La « forêt » est composé de 4 clairières équipées de mobilier permettant de profiter des nouvelles ambiances.

La volonté de n'extraire aucune matière du site et d’en réutiliser l’intégralité in situ a permis de créer un nivellement répondant à la fois aux enjeux de récolter les eaux pluviales, d'amplifier les ambiances forestières et de proposer des jeux de reliefs aux élèves.

La mise en image des paysages agricoles en 2050 se veut au service des enjeux alimentaires et climatiques. Les élus et agents du PNR du Golfe du Morbihan souhaitant un scénario "Afterres" pour leur territoire, se voient réfléchir à la question suivante : quelles qualités paysagères peut signifier la transition agro-écologique du système productif de l’agriculture en France. Ce projet aboutit à un dispositif de représentation novateur qui peut devenir un véritable outil pour engager le débat sur les pratiques agricoles, l’aménagement du territoire et les paysages ruraux qui en découlent.
Après un inventaire des principes agronomiques énoncés dans le scénario Afterres2050 et des éléments mentionnés présents sur les territoires du Golfe du Morbihan, la mise en place d’une méthode de traduction permet d’imaginer et de dessiner les possibles paysages de demain et ce à toutes les échelles.

La démarche de co-conception s’est concrétisée à toutes les étapes du projet : sensibilisation, relevé, conception et chantiers, sous forme d’ateliers destinés aux enfants et aux adultes (services techniques, parents d’élèves et élu‧e‧s). Ce travail a amené une décision collective ambitieuse : désimperméabiliser la cour dans son intégralité et offrir de nouveaux espaces plantés propices aux jeux. La volonté d’utiliser les ressources du site s’est également rapidement imposée, se traduisant par une forte implication des services techniques dans la réalisation de l’aménagement.

Les déblais et matériaux de concassage ont été réutilisés pour construire des buttes. L’eau est gérée à la parcelle. Une stratégie de plantation et de gestion des espaces a permis de composer de nouvelles ambiances tout en anticipant l’entretien nécessaire par la suite. Ainsi, de nouvelles vies sont envisagées dans la cour : faire classe dehors sous les arbres, grimper, rouler, s’allonger dans la prairie, récolter les fruits du verger. 
 

Des ateliers destinés aux collégien‧ne‧s (notamment aux classes SEGPA) ont d’abord permis de réaliser un diagnostic de l'espace à transformer, de manière sensible et technique. Ils ont ensuite donné lieu à des propositions d’amélioration de la cour du collège sur la base de maquettes. Pour orienter les propositions, nous avons posé les règles de la réalisation : un chantier de 3 jours réunissant les élèves et les adultes.

Ainsi, nous avons construit une terrasse en bois, planté une haie et des arbres fruitiers, fabriqué une clôture. Le chantier s’est avéré un outil ludique pour mettre en pratique les disciplines scolaires théoriques (mathématiques, écologie, français, construction) mais aussi pour apprendre à faire ensemble. 
 

L'aire d’accueil se situe sur le cordon dunaire de la Réserve Naturelle Nationale de la Baie de Somme, à l'entrée du Parc Ornithologique du Marquenterre (POM). Elle accueille visiteur‧e‧s et promeneur‧e‧s pour une halte dans la baie, un pique-nique avant une visite guidée.

L'aménagement proposé consiste à redonner une ambiance dunaire à cet espace et y implanter une structure couverte légère. Ainsi la renaturation de l'aire d'accueil s'appuie sur un travail précis du sol (gestion de l'eau, apport de matière, nivellement, piétinement) afin d'obtenir différents types de dunes (grises, arborées, mobiles) où les espèces végétales pourront se fixer naturellement, sans intervention humaine.

L'ensemble de ce projet a été menée en relation étroite avec le Syndicat Mixte Baie de Somme et le Conservatoire du Littoral pour bien comprendre les usages et les contraintes de gestion puis pour projeter le coût, le choix des matériaux, les ressources disponibles. Les travaux sont réalisés en interne par le Conservatoire du Littoral.

L'ambition de la Réserve Naturelle Nationale de la Baie de Somme (RNN) d’insérer un volet paysager à son plan de gestion (2023 -2037) est née de leur souhait d'anticiper les effets du changement climatique sur les milieux et la manière dont les paysages vont évoluer sur les 15 prochaines années.

Nous avons identifié les unités paysagères et leurs dynamiques d'évolution : engraissement de l'estuaire, fragilisation des digues, boisement des dunes, augmentation de la fréquentation, etc. Puis nous avons formulé ensemble des intentions paysagères pour les 2400 ha : diversifier les motifs paysagers de la baie, retrouver un milieu estuarien, offrir des expériences immersives, développer les liaisons douces rétro-littorales, structurer les capacités d’accueil touristiques et orienter l’offre pédagogique sur l’ensemble du vivant.

Ces grandes intentions se sont traduites en préconisations sous forme de fiches-actions précisant les échelles de temps, les ouvrages à réaliser, les matériaux à privilégier, la gestion des milieux à engager selon les ressources disponibles.

Dans le cadre du programme «Pour de Nouvelles Ruralités» porté par la région Grand Est, cette étude conduite sous forme de résidence a permis dans un premier temps d'identifier collectivement ce qui fait la singularité de la commune au sein du Parc Naturel Régional pour ensuite s'attacher à la requalification de 3 places publiques et leurs liaisons. Le projet consiste à favoriser la déambulation piétonne dans le centre-bourg en valorisant les venelles et les petits riens qui font tout avec des plantations simples en gestion extensive par la commune ou les habitant‧e‧s sous forme de chantiers collectifs.

Des déambulations collectives et stands dans l’espace public nous ont permis de collecter des informations : histoires des lieux, souvenirs, questionnements, mais aussi d’entrevoir les améliorations envisageables. Le projet s'est traduit par la rédaction d’une charte d'aménagement du centre-bourg avec 4 esquisses de projets afin de spatialiser les intentions et par une exposition racontant le projet aux intéressé‧e‧s.

Dans le cadre du programme « Pour de Nouvelles Ruralités » porté par la région Grand Est, le projet à Bogny-sur-Meuse porte un enjeu double : accompagner la réhabilitation des logements d’un des immeubles Danton-Salengro et proposer un aménagement sur l’espace du second immeuble prochainement démoli.

Nous avons habité le site durant 3 semaines pour écouter les manières d’y vivre, rencontrer les habitant‧e‧s de différentes façons : au café, en balade collective, au marché. Ces échanges ont esquissé les premiers traits d’un futur s’appuyant sur différentes formes de sociabilité : créer un parc pour jardiner, se reposer, se rassembler, rentrer chez soi, réhabiliter les logements pour se rencontrer, mutualiser les ressources, gagner en confort de vie.

A la fin de l'étude, pour enclencher le projet, nous avons réalisé un premier aménagement des espaces communs lors d'un chantier collectif avec la création d'un espace jardiné convivial pour les habitant‧e‧s.

La rive sud de la baie d'Authie est un territoire de 2 700ha. Elle fait partie du programme Adapto lancé par le Conservatoire du Littoral et visant une gestion plus souple du trait de côte. L’étude a consisté à imaginer les paysages induits par une dépoldérisation des bas-champs et le recul de la digue de premier rang.

L'ensemble des acteur‧ice‧s liés‧e‧s à ce territoire (agriculteur‧ice‧s, association syndicale de gestion des canaux, élu‧e‧s, habitant‧e‧s, Chambre d'Agriculture, Direction Départementale des Territoires, promeneur‧se‧s, naturalistes) ont été invité‧e‧s à réfléchir ensemble à la manière dont la réorganisation spatiale, économique et sociale pourrait se mettre en place avec l’accueil des eaux salées. Perçue comme une opportunité plutôt qu'une menace, la montée des eaux a permis de construire un plan d'action pour les 30 prochaines années qui prévoit entre autres : la création de cheminements et lieux d'observation de la faune et de la flore, l’adaptation du modèle agricole avec des expérimentations d'élevage en prés salés, le développement économique autour des savoirs-faire locaux.

Afin que ce récit de territoire prenne vie collectivement, des projections et expositions ont été réalisées lors des grands évènements du territoire.

Nous avons mené une vingtaine de projets artistiques durant cette résidence, avec des publics d’âges et de profils variés, pour questionner le rapport au vivant à partir d'expériences paysagères retranscrites par des objets et dispositifs artistiques singuliers.

En voici quelques exemples : des vidéos courtes réalisées par les jeunes de l’AFPA et issues des rencontres avec les résident‧e‧s de l’Ephad Clairefontaine ; des sérigraphies produites à partir des différentes terres d'Hondegheim extraites par les habitant‧e‧s ; des tracts du paysage distribués dans le TER et réalisés par les élèves de l'école de Steenvoorde ; des drapeaux en impression végétale pour une course de rosalie dans un ESAT ; des gravures réalisées in situ à partir de l'observation et de discussions autour d'un talus SNCF à Bailleul en lien avec la notion de tiers-paysage de Gilles Clément ; un jeu de memory en gravure réunissant les motifs paysagers identifiés lors d'une balade collective à Sainte-Marie-Cappel ; l'édition d'un fanzine « le Cri des plantes » s'attachant aux jardins ouvriers délaissés de la ville d'Hazebrouck avec les élèves du collège des Flandres.

A la manière de Jean Giono, dans la montagne de Chabre qui l'inspire, nous avons exploré les confins, les sommets et les vis-à-vis pour nous sensibiliser au monde qui nous entoure. 11 explorations nocturnes ont été proposés aux habitant‧e‧s sur différents itinéraires ponctués d'ateliers de dessins, d'observations et de lecture.

Dans les écrits de Giono, la nuit libère les hommes et vient les sauver d’un quotidien ennuyé ou menacé. Tou‧te‧s, équipé‧e‧s de lampes frontales ou naviguant à la lueur de la lune, avons apprécié les paysages nocturnes, les sens et l’imaginaire exacerbés par la nuit. Ces explorations ont permis aux mots de se détacher pour apprécier le monde vivant et poser un regard critique sur les manières de l'habiter.

Pour diffuser l'expérience, un guide a été édité et distribué dans les Office du Tourisme et lieux culturels. Il détaille chaque itinéraire en lui associant des textes de Jean Giono et d'autres auteur‧ice‧s et des peintures et dessins produites sur place.